Les rêves et l'identité numérique

identite   De temps en temps sur l'Internet, on trouve des propositions de publication de rêves ou de fantasmes. Ici l'appel au rêve fait partie d'un projet plus vaste, qui veut mettre au travail les multiples aspects des problèmes rencontrés par chacun de nous, dès lors que nous nous mettons à exister sur le web et que nos actions et nos traces de toutes sortes se mettent à combiner à notre insu une sorte d'ensemble identitaire.
L'auteur de l'image ci- contre est Fred Cavazza. On trouve sur son site une image beaucoup plus détaillée de ces différents aspects et des définitions. En voici une:

“L’identité numérique d’un individu est composée de données formelles (coordonnées, certificats…) et informelles (commentaires, notes, billets, photos…). Toutes ces bribes d’information composent une identité numérique plus globale qui caractérise un individu, sa personnalité, son entourage et ses habitudes. Ces petits bouts d’identité fonctionnent comme des gènes : ils composent l’ADN numérique d’un individu.”


Nous voici donc avec un ensemble de mots et de questions qui se situent entre deux extrêmes, "le rêve" et "l'ADN"..

Comme cet ensemble pose de nouveaux problèmes qui touchent réellement à l'identité au sens fort (et qui s'ajoutent aux nombreux travaux qui ont déjà déblayé tout ce qui concerne le jeu avec les fantasmes sur le web, les “personnalités” déguisées ou multipliées ..etc), je vais les travailler un à un. Pour l'instant, je laisse de coté la métaphore d'ADN numérique, qui tirerait sa justification du fait que de nombreuses cyber-briques qui nous concernent individuellement se constituent et se globalisent à notre insu; plus insidieusement, alors que l'on pourrait continuer à croire que nous sommes peu ou prou à l'origine de tous ces fragments, il en apparait un grand nombre venus de sources qui nous étaient totalement inconnues et qui résultent de l'activité-web de multiples intervenants à de multiples niveaux. C'est ainsi que le travail de virtualisation des bibliothèques par Google rattache à moi par un renseignement très précis une responsabilité exercée par ma famille paternelle en 1699, trace écrite publiée dans un ouvrage peu connu en 1898, trace recueillie et mise en circulation sur le web par l'université de Harvard en mars 2006. Ce relevé systématique des traces historiques écrites et leur mise en circulation numérisée, s'il ne peut pas accroitre notre bagage de souvenirs personnels, accroit le nombre et l'étendue temporelle de données qui nous concernent personnellement et que pourtant, nous ne soupçonnions même pas :il fait à notre place un travail de généalogie par exemple . Et d'autres activités web peuvent ainsi pointer vers nous et nous rattacher à un ensemble de données sans que nous en ayons la moindre idée.

Tout ça étant très complexe, je vais commencer par ce qui a initié ces interrogations: les rêves d'identité numérique.