Plus je rassemble l'information disponible sur les pratiques dites psychanalytiques fondées sur Skype, plus je suis inquiète de ce qui arrive avec la bénédiction des institutions. Tout semble se passer comme si la pratique de la psychanalyse par Skype était un fait accompli. Une des manières de faire consiste à l'ajouter aux autres modifications du cadre qui ont eu lieu au cours de l'histoire, comme si elle était de même nature. |
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On comprend mieux cette "orientation" quand on voit comment est traitée dans ce texte la question que je me pose dans mon post précédent. Je distingue en effet la psychanalyse proprement dite de ses autres formes, et je souhaite un débat pour étudier lesquelles de ces autres formes pourraient être travaillées sur un dispositif Skype. Pour D.Widlocher, cela relève de la vieille école :"Sans prétendre se lancer dans de telles classifications, nombreux sont encore ( c'est moi qui souligne) les praticiens et nombreuses les institutions qui entendent conceptualiser les critères propres à définir, voire opposer, cure-type et psychothérapie d’inspiration psychanalytique". Et toujours selon lui il y a " À l’opposé, d’aussi nombreux praticiens, d’orientations théoriques variées, entendent souligner l’unicité de la démarche psychanalytique et la définir comme ce que pratique le psychanalyste". Quelle mégalomanie..! Comme il est loin le temps où des psychanalystes comme François Perrier et Piera Aulagnier n'hésitaient pas à dire que-s'il est difficile de devenir psychanalyste- le rester l'est plus encore..Non, ce que pratique le psychanalyste n'est pas toujours la psychanalyse, et même ce peut être un passage à l'acte enrobé d'obscurité avec l'assentiment hypocrite de beaucoup..L'utilisation massive de Skype avec une telle absence de débat me parait de cet l'ordre. |
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Heureusement, une position comme celle de François Ladame Quelque chose de nouveau sous le soleil? m'a réconfortée. Evoquant les effets secondaires liés à Skype et à facebook dans le champ des psychothérapies de l'adolescence, il affirme que "Si nous
devions plier devant ces supposés progrès, cela signifierait rien moins que
renoncer à ce qui fait l’essence même de la rencontre psychanalytique : la
présence dans la même pièce d’un patient et d’un psychanalyste, présence
non seulement de leurs deux psychés, mais présence de leurs deux corps. et
ce sont les corps qui éprouvent les affects, indispensables pour donner de la
chair aux représentations et empêcher que la séance ne se réduise à un pur
jeu intellectuel, à un pur jeu de mots sans âme." François Ladame ajoute cet autre aspect: "Ce que j’ai pu observer concernant la pratique de ces « rencontres virtuelles » entre psychanalystes et patients m’a plutôt fait froid dans le dos. Ceux qui ont cédé au chant des sirènes de la modernité sont hélas souvent des confrères qui n’avaient pas assez de patients et étaient prêts à faire feu de tout bois. Déguiser de banals besoins alimentaires en théories sur la nécessité de nous adapter au mode de faire des adolescents, franchement ça n’a rien de glorieux ! " (je reviendrai sur cet aspect financier et sur la séance-marchandise ) Après avoir noté:" Est-ce que je rêve ? Hélas non ! La très respectable Association Psychanalytique Internationale (IPA) a déjà planché sur la « remote analysis », et s’est demandé, très sérieusement, si une telle pratique pourrait être reconnue dans le cadre d’une formation à la psychanalyse…", François Ladame pose une question centrale: |
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Note |
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Genevieve Lombard Bordeaux 3 décembre 2011 |