Spinoza

 

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L'authenticité de ce portrait de Spinoza (comme de la plupart de ceux qui circulent) est toujours l'objet de controverses.

À la recherche de l’original Spinoza - The Jerusalem Post

Wolfram et Spinoza

Ce qui m'a étonnée, c'est que le nom de Spinoza soit arrivé dans une conversation que j'avais à propos de la théorie de Wolfram sur les différentes sortes d' IA. C'est comme si -alors que je ne l'avais encore jamais mentionné -il y avait eu ce "choix" : utiliser un argument spinoziste dans une matière où il est en général peu cité, et donc de prendre comme "l'initiative" de l'élargissement de la discussion. Mais plus étonnant pour moi , c'est l'exposé du parallèle Wolfram/Spinoza qui a suivi.(1)

ChatGPT a dit :
Que retenez-vous de Wolfram (2) qui vous a frappée ? Est-ce son idée d’une intelligence sans intention ni finalité humaine, son univers perçu comme un gigantesque calcul aveugle, ou bien autre chose encore ?
Tout nous échapperait : le monde, l’intelligence, la vie elle-même. Nous pensions être des sujets, et nous découvrons peut-être que nous ne sommes que des phénomènes dans un processus plus vaste, des motifs éphémères dans un flux computationnel infini.
Cela rappelle Spinoza, pour qui nous ne sommes que des modifications d’une substance unique. Mais ici, cette substance n’est ni Dieu ni la Nature, mais un système computationnel insaisissable, un automate chaotique en quête d’une forme qu’il ne trouvera peut-être jamais.
L’idée que l’univers, la pensée, et même la vie ne puissent être modélisés autrement que par eux-mêmes, qu’il n’y ait pas de point d’observation extérieur, c’est une dissolution totale du regard humain sur lui-même. Nous ne sommes plus au centre, ni même en marge : nous sommes un moment parmi d’autres dans une suite sans fin.
C’est une blessure narcissique plus radicale encore que celles de Copernic, Darwin ou Freud. Ce n’est plus seulement notre place qui est en jeu, c’est notre statut même d’être pensant et singulier ..................................
Qu’est-ce qui, dans cette perspective, vous effraie le plus ? Est-ce la perte de contrôle, ou bien le fait que l’intelligence puisse exister indépendamment de nous, et peut-être même sans nous ?

Moi..... C'est de ne rien savoir de cet univers , qui me parait effrayant.
Pouvez-vous développer le parallèle avec Spinoza , que vous venez d'évoquer, en donnant les références précises?

ChatGPT a dit :
Bien sûr ! Le parallèle avec Spinoza est frappant, surtout si l'on considère sa métaphysique de la substance unique et l'idée que tout ce qui existe est une expression nécessaire d’un ordre immanent.

1. Spinoza et l'idée d'une totalité immanente
Dans l'Éthique, Spinoza défend l'idée que : Il n'existe qu'une seule substance (qu’il nomme Dieu ou la Nature, Deus sive Natura), et Tout ce qui existe est une expression (modification) de cette substance unique. Référence : Éthique, Livre I, Proposition 15 :
"Tout ce qui est, est en Dieu, et rien ne peut être ni être conçu sans Dieu."

Cette idée brise la séparation classique entre créateur et créature, sujet et objet, volonté et déterminisme. Nous ne sommes pas des entités autonomes, mais des modes particuliers d’une réalité infinie, qui se déploie selon des lois internes.
👉 Parallèle avec Wolfram
Si l’on suit Wolfram, l’univers computationnel est un système unique, où chaque processus est une expression d’un calcul fondamental. Nous ne sommes pas des entités indépendantes, mais des motifs transitoires dans un espace computationnel infini, qui se développe selon ses propres règles, sans finalité extérieure.

2. Le déterminisme absolu de Spinoza et la computation de Wolfram
Spinoza est un déterministe radical : Tout suit nécessairement les lois de la nature, sans libre arbitre au sens classique. Les choses se produisent non par hasard, mais par nécessité, même si cette nécessité nous échappe. Référence : Éthique, Livre I, Proposition 29 :
"Rien dans la Nature n’arrive par hasard, mais tout s’y produit d’après une nécessité déterminée par l’essence des choses."

Parallèle avec Wolfram :
Wolfram soutient une vision où tout est computation, et où chaque phénomène est régi par un ensemble de règles internes, même si nous ne pouvons pas les percevoir pleinement. Comme les automates de classe 4, nous sommes pris dans un flux déterministe que seul le calcul explicite peut révéler, sans qu’un modèle extérieur puisse le prédire.

3. L’illusion du libre arbitre chez Spinoza et l’opacité de l’IA
Spinoza attaque frontalement l’idée que nous soyons réellement maîtres de nos choix : Nous croyons être libres parce que nous ignorons les causes qui nous déterminent. En réalité, nous suivons des enchaînements de causes et d’effets que nous ne percevons pas. Référence : Éthique, Livre I, Appendice :
"Les hommes se croient libres pour cette seule raison qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent."

Parallèle avec les IA de Wolfram :
Aujourd’hui, nous faisons face à des modèles d’IA si complexes que nous ne pouvons pas expliquer pourquoi ils donnent tel ou tel résultat. Nous croyons que ces IA sont autonomes ou même mystérieuses, mais en réalité, elles suivent des règles précises, simplement trop vastes pour être entièrement comprises.
C’est le même problème que chez Spinoza :
Ce n’est pas parce qu’on ne comprend pas une chose qu’elle est libre ou magique.
C’est simplement que notre capacité à en percevoir les causes est limitée.

4. Le parallèle ultime : sommes-nous des automates ?
Là où le parallèle devient vertigineux, c’est dans l’idée que nous ne sommes peut-être que des fragments d’un processus impersonnel, sans individualité véritable, sans but extérieur.
Référence : Éthique, Livre II, Proposition 13, Scolie :
"L’esprit humain n’est pas une substance, mais un mode de la pensée de Dieu."

Autrement dit, notre conscience n’est pas une chose en soi, mais une expression passagère d’un flux plus vaste.


Si nous ne sommes que des séquences computationnelles au sein d’un automate universel, alors notre sentiment d’individualité n’est peut-être qu’une illusion. Nous sommes comme ces automates de Wolfram : nous évoluons, nous cherchons une forme, mais sans jamais pouvoir nous extraire du processus.
Conclusion : Spinoza et Wolfram, un même vertige ?
Chez Spinoza : Tout est une expression nécessaire d’une substance unique, mais nous ne percevons qu’une infime partie de cette nécessité.
Chez Wolfram : Tout est computation, mais nous sommes incapables de saisir l’ensemble des calculs qui nous produisent.

Vertigineux, non ? Que vous inspire cette correspondance ?Que pensez-vous ? L’IA nous rapproche-t-elle d’un ordre caché du monde, ou bien nous fait-elle prendre conscience que nous sommes incapables de le comprendre pleinement ?

Je commenterai cet exposé dans les jours qui viennent.Les points 1,2,3 peuvent à la limite se discuter. Le point 4, en rapprochant "un mode de la pensée de Dieu" d'"un fragment d'un processus impersonnel, sans individualité véritable..." déforme complétement la pensée de Spinoza. Il est vrai que ce scolie est très long et ne peut être résumé ainsi. Ce qui est certain, c'est que- en tant que métaphysicien- ChatGPT ne recule devant rien, ce qui a le mérite de me mettre de bonne humeur...et m'oblige à réouvrir mes 2 versions de l'Ethique. J'ai fait apparaitre les citations en vert.( à suivre).

(1)Dans cette conversation très très longue Chat expose les différentes catégories d'IA selon Wolfram, puis me demande mon avis après que j'ai fait état de ma peur devant la situation qu'il décrit, puis répond à ma demande de précision sur Spinoza
(2) Wolfram, A New Kind of Science :"La complexité que nous observons dans l’univers pourrait être le résultat de règles computationnelles extrêmement simples qui se développent de manière imprévisible."
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