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Il aura fallu un rêve pour que je puisse retrouver mon chemin….le rêve
de la
fin d’un rêve.. Comme je le disais dès le début, les parcours dans
les News
et sur le Web s’ils permettent rencontres, communications,
apprentissages,
développements de connaissance peuvent servir en un sens aussi à
l’auto-analyse
continuée, et là est peut-être le motif profond de mon silence
prolongé.
Il y a eu pour moi dans cette expérience des News considérées comme
un
espace de jeu (square comme dit Jocelyne, cour de récré pour moi..) des
développements particuliers touchant à trois séries d'« illusions» de
base,
lesquelles embarquent bien, par l’intermédiaire des « autres »,
quelque
chose du « grand Autre »…….
L’illusion de la présence
L’illusion de l’éternel squiggle
L’illusion de l’élan partagé
Que dire de la présence..?
J’ai joué dans des news où il était possible de penser qu’il y
avait
toujours quelqu’un. Cette phrase « Y’a quelqu’un.. ? » est
souvent écrite
par les arrivants…. et une réponse finit par apparaître…Je me
souviens des
questions de 3°Type sur MSn forum général, et des commentaires de Lo,
notre
« facteur du dimanche » (oui oui sur les News on reçoit des colis le
dimanche… ! c’était un colis d’emoticon..). J’ai pensé souvent
moi-même à
être là pour ceux qui passaient dans les temps de vacances, par
exemple, où
l ’activité du News baissait. J’ai été très émue de lire, sur
un NG de
Microsoft, les mots d’une femme qui venait d’apprendre le cancer de
son
petit garçon, et qui vient le dire là et de voir tout ce que les
autres lui répondent, ou de cette autre dont le gamin avait fugué.. et de tant
d’autres
choses de ce genre.. Produire « de la présence » de trois manières :
avec un
petit mot de simple réponse( je vais parler plus tard de cet effet présence
de la parole écrite si particulière aux Mails et aux News, des
effets «
ternaires » au milieu du « binaire » mais c’est justement le
ternaire, si
nécessaire, qui va amener les conflits et incompréhensions.. à
suivre ), en
postant
des messages avec quelque chose de nouveau ( ce qui prouve que les
choses ne
se sont pas arrêtées..) et en répondant à la demande. Et c’est
bien là qu’
est le problème, car en principe, sur un News, il est toujours répondu
à la
demande. Je passais encore hier dans un lieu virtuel connu et
quelqu’un
disait à quelqu’un : sois patient, je ne sais pas répondre à ta
question
mais ici, il y a toujours quelqu’un qui répond... Et –d’une
certaine
manière –c’est vrai. Ainsi ai-je beaucoup demandé et beaucoup reçu…donné
ce
que je pouvais aussi. Jusqu’ au jour où….eh bien justement
jusqu’au jour où
le squiggle se casse, où l’espace potentiel de jeu est miné par un
effet de
réalité ou par un effet d’identité. Les hiérarchisations de toute
espèce,
qui étaient tenues éloignées de l’espace de jeu, se réintroduisent
et alors
la demande entre dans les métamorphoses bien connues :
Celui ou celle qui demande :
Est considéré comme ne sachant rien, faisant n’importe quoi etc.. Il
ou elle
n’a pas de suffisante « reconnaissance », est une forme de cannibale
ou de
vampire etc. de toutes manières est un mauvais enfant (et les bons
enfants
restent alors ensemble, manipulant l’exclusion sans peut-être même
le
savoir ; ainsi se forme un clan et l’extérieur du clan sur les
lieux où
était née comme spontanément une petite communauté…)
Celui ou celle qui donne :
Se met à faire ses comptes ou pratique un double-bind inconscient, ou
encore
limite ses dons ..etc etc.
Ceci fait apparaître clairement que le cyberespace est traversé
par des
courants complètement antinomiques dont l’un m’est resté obscur
pendant
longtemps : la possibilité d’affirmation narcissique sans les
entraves du
surmoi, la possibilité donc de poursuivre une affirmation de soi sans
limites (jusqu’au prix de « la mort de l’autre »), une cybermort
qui dans ce
cas va se manifester par la simple impossibilité -pour quelques uns - de
continuer à s’exprimer là où ils s’exprimaient librement
jusqu'alors.. Alors
s’installe
sur le lieu de la présence, le vide, et là où paraissait exister la
reconnaissance de l’autre, les verrous. Dans le même temps,
l'absent va changer de tonalité (mais je développerai ce point en
répondant à Jocelyne, sur son texte présence-absence).
L’éternel squiggle?. .Du rêve de squiggle éternel, il n’y a rien
à dire si ce n
’est qu’il relance les sublimations de l’enfance et qu’il en répète
le
processus : ce qui atteint les « squiggle » lorsqu’ils durent,
c’est
justement quelque chose qui se constitue à travers eux, grâce à eux
et
malgré eux : le phallus informaticus on dira…(.....)……Dès que j’ai su réellement faire quelque chose,
j’ai été aussi moins sympathique à quelques uns que lorsque je me
contentais
(avec grand plaisir !.) de mon rôle d’élève…Mais ce qui m’a le
plus étonnée,
c’est la cécité étrange qui peut se produire quand arrive
quelqu’un qui sait
vraiment beaucoup de choses et qui -sur certains points- est réellement
en avance : messages complètement nouveaux ignorés,
manières
de faire élégantes et efficaces, sous-estimées.. etc , etc... Ceci(et
tant d'autres choses du même ordre) dévoile
ce
qui se jouait de la « domination »..et c’est alors que j’ai commencé
à
ressentir pour de bon que le jeu n’était plus tout à fait du jeu, et que pour
certains,
il ne l’avait jamais été, ou si peu…Merci à ceux qui m'ont aidée
pendant cette prise de conscience plus difficile que je n'aurais
cru....MERCI.
J’en viens à mon rêve :
Un grand élan ou peut-être une licorne (oui oui, ce n'est pas pour rien que la licorne de Serge Leclaire passe dans mes espaces virtuels..) que
l’ on
voit passant au bord de la forêt, de « la forêt des
contes »(le petit chaperon rouge, Gustave Doré...) sur deux pattes
(peut-être un ornithorynque
s’autorisant un bref instant à prendre ses vraies
dimensions..
?)…Beaucoup de péripéties dans ce rêve dont celle-ci : après avoir
mis des
gants bleu-ciel (cornflowerblue), il sort de la forêt des News, vient
vers moi et me montre, à terre, un
livre, Michaux....(le précieux Fil de Poésie Dominicale..)..
« Emportez-moi Emportez-moi sans me briser
dans les baisers.. » ........................................
Oui, l’immense cyberspace est ouvert... Il emporte en lui et
développe en lui toute la
culture terrestre... Tous les élans qui cherchent la
nouveauté et la convergence amicale y ont encore toutes leurs chances..
Savoir mieux « le négatif » -qui s’y développe aussi- va seulement
les rendre
plus assurés, moins idéalisés, plus humains..
Bordeaux,juin 2000
« ..Le développement de l’intelligence collective de l’humanité
est une
montée d’amour, une montée d’intérêt pour le monde, une montée de
créativité
qui fait s’étendre et se multiplier l’intelligence des formes dans
toutes
les directions de la culture, de la nature, du réel et du virtuel.. »
Pierre Lévy : World Philosophie édit. Odile Jacob fev2000
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